Critique du jeu KH 358/2 Days par le site Fantasy-Source.com

2002, la mise en commun des outils industriels pardon univers de Disney et Squaresoft provoqua des levées de boucliers successives : la première dénonçait le versant fan service de l’affaire, la deuxième un manque de rigueur dans l’écriture du scénario et la construction du gameplay. Il n’empêche que Kingdom Hearts et son scénario plan tournant autour des Sans-cœurs, trouva preneurs. Par centaines de milliers, voire millions en l’espace seulement de trois épisodes. A cette gueule d’ange, facile quand on est l’enfant de Tetsuya Nomura et de Walt Dinsey, les joueurs lui pardonnèrent tout ou presque : ses combats bourrins, ses angles de caméra maladroits, et son scénario compliqué juste parce qu’il veut l’être. 2005, Kingdom Hearts II retendra la voile, toujours sur PS2. Il arrangera le système de combat mais continuera de bricoler sur une intrigue déjà bric à broc où les héros se font plus encore dépassés par les événements. Si bien qu’à la fin du jeu, seuls les plus croyants chantent au chef d’œuvre. Le plus grand nombre, lui, prend simplement du plaisir à naviguer entre les univers riches à craquer de Disney et se fait sourd sur les questions existentielles qui sous-tendent tant bien que mal l’histoire. La série de Tetsuya Nomura trop souvent s’allonge plus qu’elle ne se densifie. 2009, dans Kingdom Hearts 358/Days sur DS, le joueur incarne Roxas, un rookie au sein de l’Organisation XIII pour qui tout est apprendre. La série arrivera-t-elle alors à renouer le lien avec tous ceux qu’elles abandonnèrent ? Oui, avant de les reperdre à nouveau.

Calé entre l’épisode GBA Chain of Memories et le numéro deux, Kingdom Hearts 358/Days fait le vœux pieux de mettre toutes les cartes sur table. Sa mission, plus que toutes les autres, est d’envoyer un signal clair sur qui est Roxas, à quoi ressemble son quotidien au sein de l’Organisation XIII, quelles relations il tisse avec la quatorzième membre, Xion, et enfin quel est le point de vue de ces malfaiteurs sur la question des Sans-cœurs et autres fantaisies existentielles sorties de l’imagination de Nomura. Chouette, pour une fois vous êtes le vilain. Ce n’est plus à vous que les mères de Twilight Town confieront leur enfant et les dialogues s’en ressentent. Roxas met le nez un peu partout dans les premières missions pour apprendre deux ou trois tuyaux et ainsi gagner la confiance de son mentor, Axel. C’est alors l’occasion au joueur de réviser les bases du gameplay à travers plusieurs courts didacticiels qu’il gardera dans un coin de son journal de bord. Roxas rentre dans l’aventure la mémoire vierge. Aussi le joueur peut-il en être à son premier Kingdom Hearts.

Mais gros bémol, l’Orgnaisation XIII n’a rien d’accueillant et encore moins d’un orphelinat : le joueur ne trouvera guère de charisme et de sympathie chez ces durs à cuir. Tetsuya Nomura ne leur donne que peu de relief et fait beaucoup de laissés pour compte : en réalité, il n’a grossit le trait que d’Axel et de Xion. A partir du septième jour, Axel, aux cheveux rouges dressés sur la tête, fera confiance à son disciple. Le joueur y trouve une porte d’entrée dans le scénario. Toutefois, l’adhésion n’est pas aussi rapide qu’avec Dingo, Donald ou encore Kairi. Clairement, les sombres encapuchonnés sont là pour combattre, planifier à la rigueur mais sûrement pas pour tailler la bavette. Ce qui n’aide pas nécessairement le néophyte dans sa compréhension de la série : la doxa nomurienne sur les Sans-cœurs vaut ce qu’elle vaut, avec toutes ses accroches à l’identité et au partage de sentiments. Si, comme moi, vous trouvez cela bateau et surtout très décousu, vous suivrez l’histoire sans grande conviction. Sans grand dépit non plus, du moins pas jusqu’à la fin où beaucoup n’apprécieront pas le virage sec pris par Nomura. Les premiers éléments de Birth by Sleep, le prochain volet à venir sur PSP, ceci dit, sont posés…

Square Enix et Tetsuya Nomura n’en n’étant pas à leur coup d’essai sur DS, le gameplay de Kingdom Hearts 358/2 Days s’adapte complètement aux habitudes nomades : l’aventure se segmente en missions qui elles-mêmes peuvent en débloquer d’autres dans d’autres modes de jeu. Les points de sauvegarde sont fréquents : une partie de vingt minutes entre sept ou huit arrêts de métro s’envisage aisément. En contrepartie, le rythme de jeu s’avère monotone : chaque matin, Roxas se lève, va au turbin et recommence. Durant les missions, trois actions devront être régulièrement (pour ne pas dire tout le temps) menées : explorer, collecter, combattre. L’exploration côté méchant prend la forme de séances d’espionnage. Dans le château de la Belle et la Bête par exemple, il sera question de récolter des informations en passant tous les objets au peigne fin (dit moins littérairement : en bourrinant le bouton X) ou encore de trouver des Sans-cœurs. Pat Hibulaire, voulant se constituer une armée, aura grand besoin de votre aide.

La collecte, elle, est là pour assurer de vieux jours au jeu : c’est en amassant des emblèmes que vous accéderez aux missions dans le mode multi-joueurs et que vous pourrez les refaire avec des conditions de réussite plus formelles. Mais ne faisons pas durer le suspense plus longtemps, sur les 93 missions programmées, la plupart aiguiseront votre art offensif. Le joueur y devra soit éliminer un nombre important de Heartless, soit concentrer tous ses efforts sur un seul, bien plus balèze. Question difficulté, Kingdom Hearts 358/2 Days est à mi-chemin entre le premier et le deuxième épisode : le premier était raisonnablement difficile, le second très facile, celui-là alterne entre aisance et un minimum de triturage d’esprit. Certains boss, comme le mécha sous-marin des sables à Agrabah (mission 32) demanderont de suivre un schéma précis d’attaque, alternant entre combats à terre et escalade sur les sommets à moitié ensevelis de la ville d’Aladin. Les Trial Missions sont là aussi un prétexte tout trouvé à condamner le joueur à quelques heures de lvl up mais les récompenses sont de taille : vous pourrez par exemple dénicher des accessoires doublant les points d’expérience et les trésors remportés en fin de combat. Grâce à sa structure souple, le joueur peut se lancer dans tout type de péripétie. Le point de sauvegarde n’étant jamais loin, il aura tout le loisir de changer de route. Exterminer des sans-cœurs est toujours aussi plaisant, quoique répétitif. Souvent, on bourrine le bouton croix et les enchaînements d’attaque se réalisent tout seuls. Le joueur devra constamment prendre garde que les raccourcis qu’il aura paramétrés dans le menu des commandes soient toujours d’actualité, sans quoi il perdra énormément de points de vie. Cet épisode inclut, à défaut des chimères, une limit break lorsque votre héros n’est pas loin du K.O. L’ennemi mis à terre, vous récoltez des munnies (argent) et des items. A charge au joueur de se tourner après vers le Panel, sa grille d’évolution, pour que son avatar redouble de force. Explications.

Kingdom Hearts 358/2 Days présente une nouvelle méthode de progression reposant sur une grille libre. Au fil de l’aventure, Roxas accumulera des panels, c’est à dire des schémas qui viendront se greffer à cette grille. Le jeu n’en comporte pas moins de 200 au total. Ces panels déterminent toutes les stats du héros : niveau, magies, attaques spéciales… Plus Roxas grimpe dans les niveaux, plus sa grille est grande et donc plus ses compétences peuvent s’étendre. Par exemple, l’esquive prend deux cases de la grille parce qu’il y a une case afférée à la compétence de base et une autre pour la faire évoluer. Vu que tous les panels n’ont pas la même forme, le joueur devra régulièrement s’adonner à un léger exercice géométrique pour maximiser le nombre de compétences embarquées. Autre exemple, quand vous obtenez un panel Level x2, vous devez vous arranger pour que celui-ci double le plus de panels limitrophes. Cette recherche d’efficacité demande un petit temps d’adaptation mais les gestionnaires en herbe apprécieront. Les autres chercheront la combinaison toutes circonstances de sorte à revenir le moins possible trifouiller dans les menus. La difficulté du jeu, à part à certains moments, n’étant pas insurmontable, cette stratégie s’avère plutôt payante. Surtout que cette même difficulté découle souvent davantage de faiblesses techniques que des gaucheries du joueur…

Mais voilà, il est bien beau de faire aussi bien que son ainé, mais il est encore mieux de faire autre chose. Tous les univers à explorer sont déjà-vus : les fans râleront. Ils avaient déjà fermé les yeux sur la redite du deuxième volet et ce coup là encore, seul le scénario change. Le prétexte n’est pas suffisant, aussi riches les univers de Disney soient-ils. De plus, Yôko Shimomura a tout juste été contactée. 99% des musiques employées dans cet épisode sont extraites de ses frères sur PS2. Si le récent Piano Collections a entériné la qualité des compositions de la demoiselle, nous ne pouvons que souligner cette fainéantise qui découle sans doute du nombre de projets pour lesquels Square Enix a signé (358/2 Days pour Nintendo, Birth by Sleep en interne et Coded pour Disney). A seulement plusieurs mois d’intervalles entre les sorties, l’équipe à Tetsuya Nomura ne fait pas des miracles.

En outre, Kingdom Hearts 358/2 Days n’a pas importé que le meilleur des épisodes PS2. Bien que les développeurs aient pris soin d’ajouter des commandes d’aide, la caméra part très vite dans le décor. Pour un jeu nerveux dont toutes les actions en combat sont en temps réel, c’est difficilement pardonnable. Nous concevons que la Nintendo DS n’offre pas toujours les ressources d’une rétro-action mais autant dire que les batailles tiennent parfois de la chance, le joueur n’ayant naturellement pas de temps de recadrer l’angle en plein action. A cela vient s’ajouter la relative imprécision de la croix directionnelle par rapport au stick analogique. Les modestes phases de plate-forme se révèlent au final extrêmement frustrantes.

En mode multi-joueurs, jusqu’à quatre sur le réseau local, les performances demeurent stables. Tetsuya Nomura présentait cet épisode comme le seul à être partageable avec ses amis. Il avait raison. On peut toutefois apporter une nuance : certes le jeu est très amusant à plusieurs, mais l’intrigue est déjà suffisamment touffue pour qu’on ne s’y attarde pas tous les mercredis après-midi. En soi, ceci n’a rien d’une reproche, c’est simplement que cette partie est plus annexe qu’annoncée. Tout particulièrement à cause de la non compatibilité avec la Nintendo Wifi Connection. Square Enix présentait comme feature importante la possibilité de dessiner sur l’écran tactile et écrire des messages afin de communiquer avec ses amis. Mais quel est l’intérêt de tout ça quand les personnes avec lesquelles on joue sont en à côté de nous ? En Wifi, l’expérience aurait été bien plus excitante. Pire, un joueur à haut level pourra remplir seul les missions multi-joueurs et ainsi incarner tous les membres de l’Organisation, plus les gentils des précédents volets. Bah oui, il fallait s’y attendre, des personnages super secrets comme Donald et Riku sont déblocables.

Avec ses 93 missions et ses 200 panels à débloquer, Kingdom Hearts 358/2 Days offre une durée de vie tout à fait correcte : de 25 à 30 heures en ligne droite. Le personnage de Roxas en fait un épisode accessible pour peu que les néophytes ne soient pas las de la monotonie de l’ensemble. Cet épisode DS détonne par une réalisation ambitieuse autant qu’il déçoit par son manque d’originalité. Ce ne sera sans doute pas celui qu’on retiendra. Ce ne sera pas non plus celui qu’on se refusera. En attendant Kingdom Hearts Birth by Sleep sur PSP…